Une indulgence `anti-œcuménique`

A l’occasion du quarantième anniversaire de la clôture du Concile Vatican II, Benoît XVI a accordé une indulgence plénière pour la fête de l’Immaculée Conception, le 8 décembre 2005. Le pape avait déjà accordé l’indulgence plénière aux fidèles ayant participé avec ferveur aux Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) à Cologne, en août dernier. Cette décision avait alors soulevé des polémiques au pays de Luther, de nombreux luthériens et réformés avaient qualifié la décision pontificale "d’anti-œcuménique", la Réforme protestante étant en partie née de la condamnation des indulgences par Martin Luther dans ses 95 thèses affichées à Wittenberg, le 31 octobre 1517.

 A propos de l’indulgence du 8 décembre, le théologien protestant italien Paolo Ricca a accusé le pape Benoît XVI de faire reculer l’unité chrétienne. "L’Eglise catholique est tout à fait libre de décréter toutes les indulgences qu’elle veut, mais insister sur les choses qui divisent ... mortifie l’espérance de ceux qui œuvrent en faveur de l’unité chrétienne", a déclaré ce professeur de la faculté de théologie protestante vaudoise de Rome. 

 Selon lui, relier le concile aux indulgences, signifie "s’acheminer dans une autre direction que celle suivie par le Concile Vatican II, qui dans aucun de ses documents, n’a recommandé le recours aux indulgences". "Il nous semble, a souligné Paolo Ricca, que si le pape actuel avait voulu vraiment honorer le Concile, à l’occasion du 40e anniversaire de sa conclusion, il n’aurait dû ni promulguer l’indulgence ni la lier au culte marial."    

Après son élection en avril, le pape avait affirmé que sa "tâche première" serait de promouvoir l’unité des chrétiens. Mais, a déploré Paolo Ricca, "nous sommes déconcertés par un recours aussi fréquent et ostentatoire, de la part de Benoît XVI, à l’indulgence dont la pratique a beaucoup contribué à la division de l’Eglise d’Occident."